( par : moi-qui-existe-réellement-mais-en-privé )
[ en grisé : des précisions personnelles inutiles dans cette copie / la lettre a été postée le 9 janvier 2008 ]
Lettre aux autorités, relative à : emploi, solidarité, prospective en compétences industrielles
( voir en annexe les copies adressées pour information )
À
l'attention de : Monsieur Martin
Hirsch, Haut commissaire aux solidarités
Objet
: Urgence d'envisager des actions de prévention du
déclassement-gaspillage-social.
Monsieur le Haut commissaire aux solidarités,
Je ne suis pas encore SDF, mais au vu de la façon dont se sont enchaînées les conséquences de mes gains de cause successifs aux prud'hommes, il est plutôt probable que ce n'est qu'une question de temps.
Il
me paraît qu'il vous serait plus difficile de m'aider à
me sortir du fond de la misère
qu'il ne pourrait vous être
accessible, dès aujourd'hui, d'intensifier les actions de
prévention susceptibles de m'éviter d'y sombrer.
Vous
avez en effet déjà publié les principaux
résultats d'une enquête TNS-Sofres, auprès des
«
allocataires du revenu minimum d'insertion », sur leur relation
à l'emploi. Je vous en suis reconnaissant : ce rapport
rappelle que les RMIstes ne sont pas des fainéants !
Par
contre, vous n'aurez pas manqué de relever, sur Internet, le
premier commentaire du blog que Marianne2.fr consacrait à ce
sujet :
« Les chômeurs ne veulent pas de travail
au rabais, ils veulent un vrai travail avec un vrai salaire. »
...
On pourrait ajouter : « Si les enfants de la
patrie, méprisés, sont suspectés de parasitisme,
quelle reconnaissance restera-t-il aux parents modestes quand des
méritants auront dévalué jusqu'à
la fierté que pouvait encore leur manifeter leur progéniture
? »
Si en dehors des 85% de RMIstes qui veulent
donc travailler, il en existe qui ont réellement besoin de ces
'référents' auprès de qui on nous demande
d'aller pointer, pourquoi ne pas leur en réserver
l'exclusivité ?
Quand un salarié a 'gagné' aux prud'hommes, l'Etat doit-il vraiment lui dépêcher des « référents » pour lui apprendre à « tourner la page », « faire le deuil » ... bref, pour le convaincre que la Justice n'est le recours que des faibles qui ne savent que « victimiser » ?! ...
Contraindre les citoyens (comme le fait l'ANPE avec un zèle et
des a priori assez singuliers) à ne considérer que la
« loi du marché », cela relève
d'une idéologie politique que même une référence
aussi universellement citée que De Gaulle ne cautionnait pas
!
Qui aurait la prétention, illégitime assurément,
de vouloir m'y plier ?
Force est pour moi de constater qu'un 'référent' ne m'est d'aucun secours : comment aurait-il les compétences de chaque profession ? L'ANPE s'est révélée, durant des années, incapable de me présenter une proposition pertinente dans un métier où, auparavant, mes précédents employeurs m'envoyaient à longueur d'années courir en clientèle à travers toute la France ! ...
Ces 'référents', qui peuvent par ailleurs très
certainement avoir une réelle utilité, ne sont même
pas en mesure de pouvoir recommander ma candidature pour un éventuel
« job alimentaire » si je trouve moi-même
une offre tenable !
Avec mon dernier 'référent', dans le cadre du RMI, je
viens enfin de croiser quelqu'un capable de la seule attitude honnête
et responsable vis à vis de ma situation. Ce 'référent'
a rendu compte à sa hiérarchie de mon propre besoin de
référer d'une situation d'impasse à la
hiérarchie de l'Administration française.
Avec les
précédents 'référents' (de l'ANPE) les
années se sont écoulées sans résultat.
Cette actuelle démarche épistolaire n'est donc pas le
fait de mon initiative propre, mais elle arrive bien en conséquence
logique du mécanisme administratif mis en place pour trouver
une bonne raison de me radier à terme de mes droits au RMI.
J'espère que tout le monde pourra se féliciter de
voir enfin s'enclencher un mécanisme de contre-réaction
administrative !
( J'en profite pour rappeler, sans acrimonie, ni
la moindre intention d'engager une quelconque polémique
procédurière, qu'en mon for intérieur, je ne
considérerai jamais comme juste le comportement passé
de l'ANPE et les circonstances de ma radiation des droits aux ASS. )
Pour en venir à l'aspect positif de mon attitude, et à la lueur d'espoir que j'ai travaillée jusque là, il faut avoir le temps de visiter le site de l'association GONIC que j'ai tenté de faire vivre...
Faisant écho aux analyses détaillées du
collectif du MUNCI, j'ai cependant la nette conviction que ma
profession est en butte à un problème structurel, qui
ne peut faire l'impasse d'une analyse politique équilibrée
suivie d'une volonté d'action si possible novatrice.
Les
champions du « logiciel libre », à
travers le monde entier, cherchent aussi, depuis des années à
susciter une prise de conscience politique. Sur ce plan, pourquoi ne
devrais-je pas défendre mes propres observations et
convictions ?
Je déplore rien moins que de ne pas
avoir eu, en tant que chômeur, le droit officiel
de consacrer ce qu'il faut de mon temps ouvrable à l'entretien
de mes compétences !
( Un chômeur est censé
consacrer toute son énergie à la recherche d'un contrat
salarial, même quand son propre référent ANPE lui
affirme qu'il n'en trouvera pas ! ... Vient ensuite la radiation
... quand la divulgation d'offres d'emploi publicitaires n'est pas
assortie d'une obligation à la politesse de laisser une trace
écrite des refus de candidature ...
C'est ainsi que le
'culte du pragmatisme et du résultat' immédiat
arrive à transformer un ingénieur expérimenté
qui à osé gagner aux prud'hommes ... en un RMIste,
'parasite' suspecté a priori de fainéantise
congénitale ou d'incapacité à s'adapter
... )
Sans cette autorisation officielle, donc, inutile de
chercher à adapter de façon plus pertinente les moyens
et les énergies que l'Etat peut mettre en oeuvre pour lutter
contre la précarité ...
Toutefois, si vos initiatives pour la prévention du gaspillage social pouvaient se faire sentir, je suis sûr que beaucoup de ceux qui en bénéficieraient seraient enclins à prouver leur reconnaissance par une cotisation plus que symbolique à vos efforts contre la pauvreté et la misère (sociale).
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Haut commissaire aux solidarités, l'expression de mon profond respect.