'action' contre
'réflexion'
; 'choix' contre 'compromission';
'proposition' contre 'prétention';
'lucidité' contre 'fatalisme' .... ?
Certains dilemmes ne risquent-t-il pas d'être
alimentés par
des rhétoriques simplistes, voire démagogiques ?
Ces dilemmes ne pourraient-ils pas être
dépassés par une incitation à
affronter la complexité ?
(corollaire : à qui profite l'à-priori d'une
incapacité de la 'masse' à savoir se roder
à la complexité ? )
'action'
contre 'réflexion'
:
Les valeurs de notre siècle ( le fric!
) semblent claires :
Les intellectuels, les spéculateurs,
les stratèges en tous genres, les "puissances de l'ombre",
les coachs réfléchissent et font
faire. Les manœuvres, les tâcherons, les
tocards ... exécutent, s'agitent, font la
cour ... sinon c'est qu'ils auraient la prétention de
vouloir changer le monde !
(Les relents d'un atavisme inconscient ou
inavouable se réveillent, par exemple, au détour
de prétendus "débats" traitant de
'démocratie
représentative'. )
A l'aulne conventionnelle de
l'honorabilité, seule la réflexion
serait noble (apparemment
désintéressée); l'action lui serait
naturellement subordonnée, sans quoi elle ne pourrait
révéler que des velléités
de bas étage ...
Et pourtant ! A quoi rimeraient toutes les cogitations
éthérées des forts en
thèmes si toutes leurs belles théories n'avaient
aucun but ?
Inversement, les potentats se font forts d'agir. Leurs
ordres aboutissent fatalement à des "actions", glorieuses
cette fois . La parole que monopolisent les grands orateurs ne supporte
pas la concurrence du verbiage prétentieux des
tocards sans envergure: cette bonne parole, sentencieuse,
s'auto-proclame 'acte' et est censée incarner la
sagesse.
Dans le camp retranché de ceux qui ont atteint la
notoriété, l'action, voire même toute
agitation deviennent magiquement vertueuses. Le dédain des
anciens aristocrates pour le 'travail' n'est plus de mise de nos jour :
il ne suffit plus d'être supérieur,
à partir d'un certain stade, plus on brasse, plus
on étabit la preuve de sa
supériorité . Le vocabulaire n'est-il pas mutin
lorsqu'il donne, à la valeur la plus courue de notre monde
moderne, le nom d'Action (...
boursière)
?
Les actes de l'exécutant ne pas reconnus parcequ'ils ne
peuvent avoir qu'un impact limité, et leur apport reste
négligeable parcequ'ils ne sont pas reconnus.
Comment mieux illustrer le tour de passe-passe de ceux qui, par l'Action des
courtiers, snobent l'action laborieuse ? Ils ne font un
piédestal à l'abstraction
(supposée innaccessible aux sans-grade), que dans
la mesure vénale de sa consécration,
acceptée par le plus grand
nombre de mécréants : ce sont les 'petits
porteurs' qui démultiplient le poids de leurs Actions !
Agir empêche-t-il de
réfléchir ? Que vaudrait une
réflexion non guidée par
l'expérimentation ? ( La "méthode
expérimentale" serait-elle définitivement
reléguée au rang des ringardises stupides ? )
Ou alors, saurait-on aujourd'hui expérimenter sans (prétendre) agir
?
( NB : On voit bien venir ces grands théoriciens
qui "modélisent" ; mais auraient-ils
démontré la pertinence humaine à
vouloir modéliser un système ouvert dont on ne
souhaitera jamais savoir faire le tour ? ... )
'choix'
contre 'compromission' :
La science la plus stricte est amenée à
s'interroger sur des phénomènes de
"chilarité" (exemple donné
par Pierre-Gilles de Gennes : molécules
"composées uniquement avec l'espèce gauche" ...).
Il arrive donc que, le plus naturellement du monde,
l'équilibre des possibles soit affublé de
dissymétries.
Seulement voilà : s'il peut choisir
indifféremment entre la droite et la gauche, l'hommo sapiens
devra lutter contre la tristesse d'abandonner les
potentialités d'une voie d'exploration.
Là encore, on rencontrera deux poids deux mesures
selon qui "choisit" et qui juge du "choix". L'option d'une
célébrité sera
considérée comme un choix
éclairé, tandis que l'option
délaissée par le quidam le fera
soupçonner de compromission.
Dans les cas, sans doute plus fréquents qu'on ne le
pense, où l'option choisie est certainement
infiniment moins importante que le simple fait de choisir une option,
notre hommo sapiens prétendra à coup
sûr organiser une
sélection "intelligente" ... : dédaignant la
simplicité et la neutralité essentielle du tirage
au sort, il construira, par le vote, une "égalité
des chances" !
'proposition'
( 'suggestion' ) contre
'prétention' :
Là aussi, selon que vous serez ministre ou valet,
vos réflexions n'aboutiront qu'à de
judicieuses propositions (exemple : "ne soyons pas
angoissés") ou, au contraire, à de
piètres
prétentions (exemple : "organisons des cahiers de
doléances") ...
D'où le dilemme : suggerer, au rique de se faire
écarter comme prétentieux, ou bien user
d'autorité (ou de culot) pour
prétendre au
trône, et imposer ses vues sans se perdre en
simagrées ?
'lucidité'
contre 'fatalisme' :
Comment, vous ne savez pas que les
gens sont paranoïaques ?
Pardon, il ne fallait
pas dire 'paranoïaques', il fallait se contenter de le laisser
entendre, en disant :
"les
gens ont peur, ils
sont (trop)
méfiants. Ils
ont peur de tout : du chômage, de la pollution, de
la bombe atomique ...
Voyons, s'Ils
comprenaient qu'on ne peut rien contre la fatalité, Ils l'accepteraient
avec béatitude !"
Là encore, le dilemme risque bien de pouvoir être
ramené à de viles considérations de
position sociale ...
dépasser
le dilemme : abstentionnisme ou
démission ?
Une attitude
à la mode semble être aujourd'hui de se
défier de toute question politique, de considérer
comme ringarde et stérile toute réflexion au
sujet des affaires électorales, de renvoyer
l'idée même de démocratie à
la naïveté des utopistes les plus
irrécupérables, et, profil bas, de se fier
à la puissance révolutionnaire
émergente
des réseaux ...
La solution morale à l'impasse citoyenne
rencontrée par ceux qui, aujourd'hui, ne croient pas (ou
plus) au vote se limiterait ainsi ... à ne pas voter !
Oui mais voilà : puisque «
Qui ne dit rien consent », ceux qui se
contenteraient de ne pas voter se montreraient complices de l'ordre
qu'ils prétendent snober !
Par contre, il est vrai que ceux qui ne peuvent se résoudre
à la complicité d'un vote, en sont
réduits
aujourd'hui à la logique d'une attitude subversive voire
révolutionnaire - à moins qu'ils
n'arrivent
à proposer ou susciter un nouveau
mode d'interaction
citoyenne avec la République.
Défendons donc la conviction que l'on peut
être abstentionniste, sans démissionner pour
autant
de ses responsabilités individuelles envers la tentative de
construction démocratique.
Boycotter une technique de consultation démocratique ne
devrait pas pouvoir être systématiquement confondu
avec une attitude
de rejet de la démocratie.
La démission n'est pas de s'abstenir de voter. La
démission serait de s'abstenir d'exprimer, d'expliciter et
d'argumenter ses attentes et ses refus. La démission serait,
sous prétexte de hauteur de vue dédaigneuse de la
démocratie, de se réfugier dans un
monde privilégié, inaccessible à une
majorité de 'tocards' que l'on croirait pouvoir se permettre
d'ignorer ... Comment faire pour
cohabiter sans reconnaître ensemble des
intérêts
communs, des visées partagées ? Si
nos institutions ne sont pas
capables, actuellement, d'établir ces visées
officielles, comment des
réseaux sélectifs arriveraient-ils mieux
à équilibrer les aspirations
d'individus enclins à la suffisance, à l'autisme
ou à la démission ?
La démission serait de ne jamais se risquer à
proposer ou suggérer, à tout son entourage, les
voies que l'on
espère plausibles. Ce serait, sous prétexte
d'ouverture éclairée, de s'enfermer
dans des illusions qu'on ne daignerait pas soumettre à
l'analyse, aux contre-argumentations et à
l'appréciation du plus grand nombre des voisins
qu'on ne peut pas toujours choisir ...
Les réseaux,
la
technologie qui les permet, sont-ils accessibles à tout le
monde ? Peut-on, moralement, s'en remettre à leurs
seules vertus pour trouver un équilibre durable ?
Vont-ils
vivre à notre place et faire
émerger, miraculeusemet (et pour qui ?) , la
bonne intelligence dont on n'aura pas su faire l'effort de
rêver à
voix haute ?
Don Quichotte
politique
religion
Tout ce que nous disons, ou pouvons écrire, est bien connu
par ceux qui parlent et gouvernent.
Quelle forme d'autisme perturbe les échanges mettant en
évidence la réalité de dialogues
faussés ?
Quels calculs, inaccessibles à la majorité,
viennent brouiller le sens commun ?
La politique est traduite comme une religion dont chacun
connaît ou bricole les fondements ... à partir de
la "République"
!
Droits et devoirs ne se reconnaissent plus dans la permanence
d'honorabilités innées, acquises,
usurpées ...
L'Education elle-même confond ses titres avec les
reconnaissances de ses enseignements.
Dis-moi où tu as appris à lire, je saurai qui tu
es ! La démocratie égalitaire multiplie les
méthodes qui perturbent le consensus.
Les connaissances évolutives, diversifiées,
opèrent des sélections qui divisent, plus que
jamais, une société dans laquelle "l'individu"
n'est qu'un pion étiqueté,
"pré-conditionné" sans préavis.
La nouvelle communication exponentielle remet en
cause
bien des schémas. Avant de redéfinir le meilleur
et le
pire, n'en faisons pas un outil de la discorde, sous des
prétextes difficiles à amalgamer. Il y a beaucoup
mieux
à en attendre, dans le bon sens ! A commencer par les
reconnaissances multiples à faire cohabiter.
Demeter
Rupture
Pour le commun des hommes (de
« gauche » et de
« droite »)
le moteur de la communication
« captatrice »
opère une sélection restrictive.
L'enseignement fabrique, à
partir de connaissances universelles, des enseignants, des
politiciens, convaincus qu'ils détiennent la
« Vérité ».
C'est au non de cette Vérité que la carte des
« Valeurs
Françaises » s'établit. Depuis
l'institution
des « deux cents familles »
l'horizon des
grands soubresauts de la
générosité
maintient les bornes du
« partage » à
des limites conventionnelles sur lesquelles butent tous nos
enseignements.
La réflexion se bornant à la
question : « qui a tort ? qui a raison
? » ne
permet aucune évolution vers un élargissement des
points de vue multiples. Ce paradoxe fait une France multipolaire sur
laquelle jouent les amateurs de politique politicienne, grande
créatrice d'emplois ... à longue durée
parfois.
Chaque
bretteur prêche sa Vérité
infaillible et délaisse la consultation
générale
comme un avatar balourd.
La France finit par se bâtir plus
solidement sur la disparité entre les uns et les autres :
source de rupture communicative et constructive. Dans ce contexte,
L'ANPE a un grand avenir ... mais sa prospérité
est
inversement proportionnelle à celle du pays.
Les soi-disant
« incapables,
à priori » doivent reconnaître
les
« Responsables » capables de
prévenir
cet échec dont le prix à payer est une
désolidarisation
avilissante et souvent révoltante !