Pour
essayer de faire plus court, essayons de partir d'un cas
précis :
Vous avez lu notre page : "Jeter
de gant" .
Supposons que l'idée ait un
réel intérêt. Avec une machinerie de
"protection intellectuelle" dévoyée, il suffirait
au premier venu de déposer un brevet pour ... bloquer
l'adoption de l'idée.
Au lieu d'inciter la population à co-inventer
démocratiquement la meilleure norme commune possible, on
verrait au contraire les acteurs potentiels les mieux placés
se distancier d'un mouvement qui ne pourrait que construire un monopole
de royalties en faveur d'un seul privilégié.
Ces royalties, ne favoriseraient certainement pas l'aptitude
des inventeurs à projeter leurs lumières,
mais elles enhardiraient plutôt le goujat à
s'attribuer le premier un bien potentiel commun que les gens
civilisés veulent au contraire diffuser le plus librement
possible !
( On peut penser aussi à ce 'click de souris' que
certains voudraient faire payer au monde entier !! )
D'autre part,
Egalité rime-t'il avec Aristocratie - le pouvoir des meilleurs - ? (en parlant de l'Egalité de notre constitution
française - Liberté,
Egalité,
Fraternité -, plutôt que de
l'égalité
des 'chances' ! ... -ne pas oublier que nous sommes à "l'Age de l'accès" ! ... - )
Des pôles de compétitivité peuvent rendre un
service à la collectivité nationale. Encore faut-il que
les objectifs soient établis et contractés démocratiquement ...
En renforçant la mainmise des moyens de contrôle des
connaissances et des objectifs d'ouvertures par une sphère
élitiste, ne risque-t-on pas d'aggraver encore l'opposition
entre public et privé ?
Regardons par exemple la foison de recherches, passionnantes certes,
menées par nos élites officielles nationales en
matière d'informatique.
Pour chaque concept génialement et patiemment
élaboré, de deux choses l'une: ou bien le programmeur
moyen en voit des retombées concrètes dans la pratique de
son métier, ou bien il n'en voit pas. A chaque
développeur de faire le compte des avancées nationales
qui :
- soit, peuvent, dans l'exercice de sa profession, lui donner un avantage sur la concurrence étrangère ;
- soit, sont susceptibles d'apporter des avantages indirects à son pays ...
Le Chercheur, soutenu par l'Etat n'aura pas de risque
à assumer. Mais surtout, qui peut prétendre suivre
ses avancées ? ( Si ce n'est, structurellement, ses homologues
étrangers qui sont les mieux placés pour en tirer parti ?
Les tâcherons nationaux sont les derniers avertis des recherches
déployées pour eux : ils ne sont pas incités
à s'en mêler car ils n'auraient ni le temps ni, à
priori, les capacités de comprendre ...)
De plus, les travaux, financés par la contribution
pécuniaire publique, ne pourront devenir accessibles au
professionnel moyen que si un effort supplémentaire est consenti
par l'Etat pour faire "valoriser" un effort de recherche lorsqu'il est
vanté comme prometteur : dans ce cas, est-il bien
démocratique et pertinent de voir donner à quelques
privilégiés d'une élite (même si elle est
méritante) le privilège de pouvoir exploiter de
façon exclusive le fruit de ses propres recherches (pour
lesquelles elle a déjà été
rémunérée !) ? ( Cette "valorisation" aura alors
pour but de séduire en priorité ceux-là
mêmes qui n'étaient pas considérés comme
aptes à partager les efforts de la conception ! ...)
par contre, envisageons maintenenant la situation du
particulier (ou de l'organisme privé) qui se risque à
innover.
Il fait pleinement les frais du prototype. Si son innovation (à tort ou
à raison) n'est pas un succès, il risque la calomnie de la part
de ses concurrents. Si son innovation est probante, par contre, il n'a
pas les moyens publics pour quémander une "valorisation" de ses
efforts : c'est à lui de se payer sa propre campagne de
publicité.
.... On comprend bien que seuls les mastodontes puissent se permettre autant de prétention ! ...
Pour être constructif, par
contre, ne pourrait-on pas imaginer de nouveaux moyens, pertinents, d'incitations
à la créativité ?
Ne pourrait-on penser que beaucoup d'inventions pourraient
être motivées avant tout par un désir de
reconnaissance ?
Même sans appât de royalties, gageons que beaucoup
d'inventeurs sauraient se contenter de voir leurs contributions
officiellement reconnues : ne serait-ce que pour éviter que
l'exploitation n'en soit barrée par une "protection
intellectuelle" à contre-sens !
Nos instances officielles ne pourraient-elles pas nous inventer
un dipositif officiel permettant de faire protéger toute
idée déposée pour la collectivité
nationale. ( Ce dépôt pourrait d'ailleurs être
anonyme pour ceux qui voudraient avant tout contrer un
dépôt de brevet étranger. En échange de ce
"don" de propriété intellectuelle, l'Etat pourrait
prendre à sa charge les "recherches d'antériorité"
nécessaires ... ) .