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élément incontournable de culture générale et d'actualité : voir l'ouvrage :
«   L'âge de l'accès
- la nouvelle culture du capitalisme -»
( en avoir lu au moins les premières pages ! )

(nous imaginons, en filigrane de ces pages, l'expression « panem et circense », rapportée par Juvénal.
Une préoccupation sous-jacente qui, elle, n'est pas nouvelle !)
voir aussi :
« Sociologie des pratiques culturelles »
par Philippe Coulangeon

ou encore :
«  La société du spectacle » (edition Folio)
par Guy Debord (1931 - 1994 )

« le scientifique et le guerrier »  (edition BELIN)
par Jean-Jacques Salomon  => marginaux

L'âge de l'accès

auteur = Jeremy Rifkin, président de la Foundation of Economic Trends à Washington
Présentation de l'éditeur  :
  « ... Aujourd'hui, l'explosion des Technologies de l'Information et de la communication est à l'origine d'une mutation sans précédent : les marchés laissent la place aux réseaux, les biens aux services, les vendeurs aux prestataires et les acheteurs aux utilisateurs .... les nouveaux géants de l'économie mondiale ne cherchent plus seulement à nous vendre des produits, mais à nous faire adhérer à l'imaginaire de leurs marques, à nous regrouper en clubs et à nous faire partager des émotions communes. Et Internet ne fait qu'accélérer la dématérialisation de l'économie, obligeant chacun à être "connecté" s'il veut accéder aux loisirs, à la culture et au savoir .
 Nos existences sont déjà aux mains des professionnels du marketing qui traquent nos habitudes et nos modes de vie ... quelle place restera-t-il aux relations humaines et à la culture ?  »
- «... réflexion philosophique sur la société de communication que symbolise Internet... »


Extraits ( à retrouver pour les replacer dans le contexte) :
p11 :
« .. Ce sont les concepts, les idées, les images et non plus les choses, qui ont une vraie valeur dans la nouvelle économie. Ce sont l'imagination et la créativité humaines, et non plus le patrimoine matériel qui incarnent désormais la richesse. Or, il convient de souligner que le capital intellectuel n'obéit guère aux lois de l'échange . Il est étroitement associé à ses pourvoyeurs, qui peuvent en louer ou en concéder provisoirement l'accès à des tiers dans des conditions strictement définies. »
 ...
« La volatilité et le rythme effréné de la nouvelle économie rendent parfaitement désuète et inadéquate la posséssion de grandes quantités de biens matériels. L'essentiel de l'infrastructure matérielle du capitalisme contemporain n'a plus besoin d'être la propriété de ceux qui en font usage.»

p12 :
« ..Avec l'ère des réseaux, ce sont les prestataires de services capables d'accumuler la plus grande quantité de ressources intellectuelles clés qui commencent à exercer un contrôle sur les conditions dans lesquelles les usagers peuvent accéder aux idées, aux connaissances et aux éléments d'expertise les plus appréciés.  »
...
« Pendant la plus grande partie de l'ère industrielle , l'important était de vendre des produits, et le service gratuit au consommateur représenté par la garantie qui était attachée à ces produits n'était qu'un argument d vente supplémentaire. Cette relation s'est aujourd'hui inversée: de plus en plus d'entreprises font littéralement cadeau de leurs produits aux consommateurs dans l'espoir de s'attacher leur fidélité à lons terme en leur fournissant toutes sortes se services . .. »

« .. la propriété fonctionne à un rythme beaucoup trop lent pour la nouvelle économie, qui opère en termes de nanosecondes »
..
« Avoir, posséder, accumuler n'ont guère de sens dans un économie où la seule constante est le changement ...  »
« .. Et, comme nos institutions politiques et juridiques sont enracinées dans un système fondé sur le marché et la propriété, cette transition impliquera également de profonds changements dans nos systèmes de gouvernement  »
 « .. On peut même penser qu'un monde structuré autour de relations fondées sur la logique de l'accès risque de produire un nouveau type d'être humain »
«.. Nous sommes en train de passer de la production industrielle à la production culturelle  »   (!)

p 14 :  « .. Les secteurs de pointe du futur reposeront sur la marchandisation de toute une gamme d'expériences culturelles plutôt que sur les produits et les services traditionnels fournis par l'industrie »   « Le passage de la production industrielle au capitalisme culturel entraîne une transition non moins significative de l'éthique du travail à une éthique du jeu
... toutes sortes de ressources culturelles, comme les arts, les fêtes, les mouvements sociaux, les activités spirituelles et communautaires, et même l'engagement civique, peuvent être consommées sous forme d'activité récréative
payante .  La lutte entre la sphère culturelle et la sphère marchande pour le controle exercé sur l'accès à et le contenu des activités ludiques sera l'un des axes de définition dela nouvelle ère . »
p 17 :
 « Nous sommes de plus en plus amenés à acheter le temps, l'affection, la disponibilité et la considération de nos congénères. Nous payons pour notre éducation et pour nos loisirs ... même le passage du temps n'est plus gratuit . La vie devient de plus en plus une marchandise, et il n'y a guère de différence perceptible entre communication, communion et commerce»

« ... La grande question politique que posent la nouvelle économie mondiale des réseaux et sa tendance à promouvoir la transformation de l'expérience culturelle en objet de consommation marchande, est celle de la préservation et du développement durable d'une diversité culturelle qui est le sang même de la civilisation  »

p21 :
 «  [les jeunes] .. Ils vivent dans un monde de performance de type théatral plutôt que de définitions idéologiques et sont enclins à adopter une éthique de joueurs plutôt que de producteurs ... c'est le fait d'être connecté qui l'emporte sur tout le reste ... Les individus du XXI° siècle auront sans doute plus tendance à se percevoir comme des points d'intersection sur des réseaux d'intérêt commun que comme des agents autonomes lutant pour leur survie dans un monde de concurrence darwinienne »

p23 :
 «  La séparation de l'humanité en deux sphères d'existence divergentes - ..(barrière numérique) _ constitue un véritable tournant historique .... Tel est le schisme fondamental qui déterminera pour une bonne part les conflits politiques des années qui viennent »

p24 :
 « Les conceptions classiques de la propriété et du marché, qui définissent la civilisation industrielle, sont de moins en moins pertinentes »


p79 :   « .. Ce sont les idées, sous forme de brevets, marques déposées, droits de reproduction, secrets de fabrication et réseaux de relations qui permettent de définir une nouvelle forme de pouvoir économique, celui de superprestataires contrôlant de vastes réseaux d'usagers . ... Les entreprises qui réussissent à s"assurer le monopole des idées dans tel ou tel secteur d'activité sont à même de contrôler l'intégralité du secteur en question. Pour atteindre leurs objectifs, elles créent de vastes réseaux de prestataires et d'usagers qui obligent leurs concurrents, tout comme leurs clients et les autres fournisseurs, à dépendre de leur stock d'idées pour survivre.  »
p125 : 
 « Course à la gratuité»
 « ... Netscape fait cadeau de son logiciel de navigation sur le Web. Microsoft fait de même avec Internet Explorer. Sun Microsystem distribue gratuitement le programme Java ..
   .. le premier qui arrive à convaincre un nombre suffisant de consommateurs d'adopter son logiciel établit de fait un standard pour tout le secteur et peut réaliser de juteux bénéfices en vendant à ses clients toute sortes de services et d'extensions.
  La distribution gratuite de software est une stratégie particulièrement efficace pour une entreprise d'informatique car plus les usagers qui travaillent pour les programmes d'un même fournisseur sont nombreux, plus les avantages sont grands pour chacun d'entre eux et plus les services potentiels que peut développer ce fournisseur prennent de la valeur ( => effet réseau)
 »


p180 : 
« ..  Culture réduite à l'état de marchandise ..»

p 251 :   [ à rapprocher de Guy Debord : voir ci-après ]   « Dans un monde postmoderne, les récits et les performances deviennent aussi sinon plus importants que les faits et les chiffres. L'ère nouvelle chérit la sémiotique- l'étude des signes et des signifiants - et est aussi obsédée par les lois de la grammaire et de la sémantique que les modernes l'étaient par celles de la physique. Dans le monde universitaire, la recherche scientifique de la vérité passe au second plan derrière la quête individuelle et collective du sens. »
p 327 : 
   « Se centrer sur la production de compétences économiques et professionnelles, comme la plupart des établissements scolaires américains l'ont fait jusqu'ici, c'est mettre la charrue avant les boeufs, estiment les partisans de l'éducation civique.
Les jeunes ne peuvent pas se contenter d'apprendre ce qui va leur servir à vendre leur force de travail sur le marché, c'est là une conception qui n'est pas à la hauteur des enjeus du XXI° siècle.  Elle fabrique des adultes qui se perçoivent eux-mêmes davantage comme des produits consommables que comme des êtres humains accomplis et des citoyens responsables »

p 330 : 
  «.. A l'âge de l'accès, la division droite-gauche est de plus en plus déplacée par une nouvelle dynamique sociale qui oppose la valeur intrinsèque à la valeur d'usage des ressources de la société. L'identité culturelle, au sens le plus profond du terme, est une question de valeur intrinsèque. Une culture commune n'est jamais un moyen, mais toujours une fin en soi. ... Quand la culture perd ses points de repère communautaires et se transforme en distraction commerciale, la source de sa valeur intrinsèque se tarit » 




« Sociologie des pratiques culturelles »  (édition La Découverte) par Philippe Coulangeon
( chargé de recherches en sociologie au CNRS, membre de l'Observatoire sociologique du changement à l'IEP de Paris, et chercheur associé au Laboratoire de sociologie quantitative du Cres, à l'Insee )

Introduction :
«  .. Dans l'ensemble des sociétés occidentales, le poids des dépenses de consommation de biens et services culturels dans le budget des ménages s'est fortement accru depuis le début des années 1960. Situé en France au 7° rang des 11 postes de la nomenclature des dépenses des ménages en 1960, le poste "loisirs, culture" se situait au 4° rang en 2000, devant les dépenses d'habillement et d'ameublement ....
Quels changements sociaux, quelles recompositions des styles de vie accompagnent cette progression du pods des dépenses consacrées à la culture et aux loisirs ? Est-elle synonyme d'une démocratisation de l'accès à la culture ?  D'une uniformisation des pratiques et des représentations ?  Ou bien plutôt d'une fragmentation des identités, d'une exacerbation des tensions et des inégalités ?


« La société du spectacle » (edition Folio)
par Guy Debord (1931 - 1994 )

p 21 : 
   «  Le caractère fondamentalement tautologique du spectacle découle de simple fait que ses moyens sont en même temps son but .»

p 22 : 
   « la première phase de la domination de l'économie sur la vie sociale avait entraîné ... une évidente dégradation de l'être en avoir. La phase récente de l'occupation totale de la vie sociale par les résultats accumulés de l'économie conduit à un glissement généralisé de l'avoir au paraître, dont tout "avoir" effectif doit tirer son prestige immédiat et sa fonction dernière. »

    [ .. nous repensons au "savoir-être" ...]

p 25 : 
   « C'est la plus vieille spécialisation sociale, la spécialisation du pouvoir, qui est à la racine du spectacle. Le spectacle est ainsi une activité spécialisée qui parle pour l'ensemble des autres. C'est la représentation diplomatique de la société hiérarchique devant elle-même, où toute autre parole est bannie. Le plus moderne y est aussi le plus archaïque. »

p 23 : 
   «   Le spectacle est l'héritier de toute la faiblesse du projet philosophique occidental qui fut une compréhension de l'activité dominée par les catégories du voir; aussi bien qu'il se fonde sur l'incessant déploiement de la rationalité technique précise qui est issue de cette pensée.  Il ne réalise pas la philosophie, il philosophe la réalité. C'est la vie concrète de tous qui s'est dégradée en univers spéculatif. »

p 24 : 
   «  ... La technique spectaculaire n'a pas dissipé les nuages religieux où les hommes avaient placé leurs propres pouvoirs détachés d'eux : elle les a seulement reliés à une base terrestre. Ainsi c'est la vie la plus terrestre qui devient opaque et irrespirable.  Elle ne rejette plus dans le ciel, mais elle héberge chez elle sa récusation absolue, son fallacieux paradis. Le spectacle est la réalisation technique de l'exil des pouvoirs humains dans un au-delà; la scission achevée à l'intérieur de l'homme.
 »

   « A mesure que la nécessité se trouve socialement rêvée, le rêve devient nécessaire. Le spectacle est le mauvais rêve de la société moderne enchaînée, qui n'exprime finalement que son désir de dormir. Le spectacle est le gardien de ce sommeil. »