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Bibliographie XIX  . . .

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Le travail des sociétés
Editions :   Seuil
par :  François Dubet ( prof. de sociologie à Bordeaux II - directeur d'études à l'EHESS
 nombreux ouvrages dont "Dans quelle société vivons-nous ?" ; "Le déclin des institutions - Seuil 2002 ; et "Injustices" Seuil 2006 ")


Présentation de l'éditeur :
 ...  Les sociétés ne disparaissent pas pour autant. Elles imposent des formes de domination ... elles continuent à déterminer les épreuves que les individus affrontent ...
... François Dubet poursuit, après "Le déclin de l'institution", son travail sur la sociologie des sociétés.
Une réflexion qui bouscule fortement les théories actuelles ...

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Extraits :

 page 256 :  "Egalité, mérite autonomie"
 L'Egalité
   La phrase "c'est injuste parce que nous sommes tous égaux" ... évoque d'abord le maintien de relations de caste, d' « honneur » et de mépris caractéristiques des sociétés prédémocratiques ou d'Ancien Régime dans lesquelles les inégalités sociales étaient peçues comme des inégalités de nature.
« Nous sommes traités comme des chiens » disent les travailleurs en évoquant les petites et les grandes humiliations de la vie professionnelle : être invisible, ne pas être salué, être insulté ... Tout se passe comme si les individus n'appartenaient pas à la même humanité et n'avaient pas les mêmes besoins élémentaires. ...
 ... Les sociétés démocratiques restent encore des sociétés de rangs et d'honneurs dans lesquelles les distances sociales et le mépris pèsent plus que le pouvoir et l'autorité des relations de travail.
  ... les travailleurs des activités de servvice sont très sensibles à ce problème, car s'il est normal d'être au service des personnes, il n'est pas acceptable d'être traité comme un serviteur.
Aussi faut-il se défendre sans cesse en rappelant que si l'on vend sa force de travail, on ne se vend pas soi-même.
La manifestation fondamentale de l'inégalité est dans le mépris.
... on ne traite pas véritablement les autres comme des êtres humains de plein droit.
C'est la critique du sort des trop pauvres et des privilèges des trop riches.
...

[   Est-ce qu'un 'sociologue' se voit comme un 'travailleur' ? ].

page 257 :
... Les militaires, les médecins et les enseignants par exemple, perçoivent les risques de chute statutaire comme une atteinte à l'égalité sociale fondamentale parce que, à leurs yeux, leurs fonctions sont au service de l'intérêt général et de l'intégration de la nation qui seraient mis en cause quand on touche à leur statut.
On admet aisément que cette rhétorique égalitaire est une « dérivation » commode ...
... En revanche, à cette critique des inégalités excessives de position s'oppose une conception bien différente, celle de « l'égalité libérale »  : on ne critique pas les inégalités de position, mais les inégalités d'accès à ces positions.
 Contrairement à l'ancienne critique ouvrière et à celle des « partageux », on dénonce moins la répartition inégale des revenus que les blocages qui empêchent de concourrir équitablement pour accéder aux positions les plus avantageuses ... égalité d'opportunités.

page 261 :

... Que l'on croie au marché ou que l'on croie aux concours et à l'Etat, on est bien obligé de croire à l'utilité collective du mérite individuel ...

[   mais attention ! quand cette utilité est érigée en modèle, on est en 'aristocratie', et non plus en démocratie ... ]

... Le principe de mérite justifie aussi les inégalités ... Si j'en crois les entertiens et quelques observations personnelles, le fait de reconnaître le mérite des uns semble ôter du mérite aux autres. ...
... la promotion au mérite ouvre le champ au piston, au favoritisme et à des stratégies cherchant à faire savoir plus qu'à faire.  Alors les moindres différences peuvent être suspectées de sanctionner des mérites injustifiés : « relations », népotisme, « promotion canapé » ...
... chaque enseignant supporte mal de voir qu'il n'est pas mieux payé que le collègue qui, moins méritant, fait son travail au minimum, abuse des congés maladie et ne participe à aucune activité collective ...
 Au fond, sauf dans certaines épreuves sportives où le mérite est mesuré au centième de seconde, et à condition que personne ne se dope, les querelles sur le mérite ne s'éteignent jamais.
... Le mérite doit-il mesurer l'utilité sociale objectivée et la performance individuelle ? Dans ce cas, le mérite a toutes les chances d'être injuste parce qu'il sanctionne des injustices «naturelles » et sociales; les plus grands, les plus beaux, les plus intelligents, les plus courageux, les mieux éduqués, auraient plus de mérite que les autres. Et pourtant ce mérite ne leur appartient pas : on ne mérite pas plus son courage, sa jeunesse et sa beauté que son talent pour les mathématiques ...

Pour certains points, il me semble que ces assertions seraient à nuancer fortement, ou à argumenter et à appuyer par des références !  Le courage, la capacité à aborder les mathématiques , sont-ils innés ? ... ]

 ... Le mérite doit-il mesurer la bonne volonté et l'effort ? ... dans ce cas, les jugements du mérite deviennent parfaitement subjectifs et arbitraires car personne ne sait vraiment ce qu'il en est de l'effort et comment éviter que la prime à l'effort n'invalide la prime à l'efficacité réelle dont la collectivité peut bénéficier.

....

 autre citation (dans Okidor) pour prolonger la réflexion sur ce sujet :
  L'aristocratie tend à construire un système parfait, c'est ce qui la condamne, à terme, à la désadaptation. Car notre univers n'est pas figé. Les sujets d'un système qui se croit parfait n'ont aucune raison de continuer à se remettre en cause pour coller à l'Evolution ... C'est ainsi que les mandarinats, les tours de Babel, ... finissent par s'écrouler.

 Paradoxalement, ce qui fait la force, à long terme, de la démocratie, c'est donc que, structurellement, sa première préoccupation est de laisser autant de place aux 'faibles' qu'à n'importe qui d'autre. C'est son 'humilité' de savoir accepter qu'aucun humain ne saurait avoir la prétention de figer, à un instant T, les critères ( divins ? utilitaristes ? pécuniaires ? ...?)  de la 'faiblesse'. Ce qui permet à la population d'explorer un maximum de voies possibles pour l'adaptation, la survie, la vie.
 La vraie humilité ne saurait être consciente d'elle-même : elle ne peut être induite que par la confrontation, acceptée, à toutes les faiblesses supposées. Et elle est vitale car elle motive l'effort constant d'adaptation.

( Note 4 ) :   ATTENTION ! donc, au piège des courses à la qualité, à la compétence, ou à la 'méritocratie' dans certains 'projets' de développements technico-industriels qui croient se conformer à des règles 'démocratiques' ... La motivation, la créativité, l'inspiration, la reconnaissance, pourraient compter parmi les paramètres qu'une visée en fait aristocratique aurait du mal à équilibrer.




La montée des incertitudes
Editions :   Seuil
par :  Robert Castel  ( sociologue .... auteur de nombreux ouvrages ... )


Présentation de l'éditeur :
   .... Les mutations du travail ont des effets sociaux et anthropologiques très profonds. Elles bouleversent l'identité des individus et fragilisent la cohésion sociale.
...
 Partout naît et se renforce une insécurité sociale aux visages multiples, parfois contradictoires. Il faut donc repenser la protection sociale dans une « société des individus », ce qui contraint l'Etat à redéfinir son rôle et le droit du travail à redéfinir ses principes. Autrement dit , forcément, intervient le politique. .....

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La société malade de la gestion
/  idéologie gestionnaire, pouvoir managérial et harcèlement social
Editions :   Points / Economie
par :  Vincent de Gourlejac  ( directeur du laboratoire de changement social et prof. de sociologie à Paris VII - auteur d'une quinzaine d'ouvrages dont "Le coût de l'excellence" Seuil .. )


Présentation de l'éditeur :
   Sous une apparence pragmatique , la gestion constitue une idéologie qui légitime la guerre économique, l'obsession du rendement financier, et qui est largement responsable de la crise actuelle. La culture de la performance et de la compétition met tout le monde sous haute pression : épuisement professionnel, stress, suicides au travail ....




La déprime des opprimés
/  Enquête sur la souffrance psychique en France  / Préface de Christophe Dejours

Editions :   Seuil
par :  Patrick Coupechoux  ( journaliste indépendant - "a publié, au Seuil, "Un monde de fous (2006) , une enquête sur la folie en France" qui est devenue une référence" )

sic !  référence : l'enquête ... ou la folie ?  ;-)  ].


Présentation de l'éditeur :
   Des millions de personnes souffrent aujourd'hui d'anxiété, de phobies, de dépression. La souffrance psychique est devenue massive en France et elle touche toutes les catégories de population.
Au-delà des chiffres, quelles sont les causes de ce phénomène ? ...
 ... Toutes les personnes qu'il a rencontrées .. en témoignent : au coeur de la souffrance, on trouve le travail et ses nouvelles organisations , la disparition des collectifs, la mise en concurrence des individus, l'épée de Damoclès de la précarité et de l'exclusion et, au bout du compte, l'isolement
... Une société qui maltraite de plus en plus le sujet, livrant celui-ci à une véritable
« pathologie de la solitude »

... « Cet ouvrage propose un parcours empirique et intellectuel d'une grande ampleur », écrit Christophe Dejours dans sa préface dont l'originalité est de montrer que la souffrance est « un opérateur d'intelligibilité irremplaçable de la condition humaine et de la société ».



Les nouveaux intellos précaires
Editions :   Stock
par :  Anne et Marine Rambach 


Présentation de l'éditeur :
... on découvrait cette population au destin paradoxal : diplômée et compétente, studieuse et créative, elle vit, pas toujours mal, dans des conditions de grande précarité - avenir incertain, revenus fluctuants, déni de droits.
Malgré une  couverture sociale minimale  ou inexistante, les intellos précaires continuent à exercer ces métiers qu'ils ont choisi par passion.
 On annonçait leur disparition : ... Mais, non. ... La précarité a le vent en poupe

   .... Disons-le : l'intello précaire est le modèle secret du patronat.
Il n'est pas précaire, il est indépendant.
Il n'est pas soumis, il est professionnel.
Il n'est pas sous-payé, il est compétitif. ...
.. Reste une question : mal défendus par les syndicats et rêve inavoué du patronat, jusqu'où iront les intellos précaires dans la soumission et la paupérisation ?
 ... les intellos précaires sont au coeur de l'actualité. Le savent-ils ? Qu'en pensent-ils ?
Vont-ils se faire entendre un jour ?

...

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Extraits :

page 10 :  ... Comment les bataillons de sociologues ... ont-ils pu passer à côté de ce phénomène massif ?

page 11 :  ... La publication des intellos précaires a permis à de nombreuses persnnes de se nommer. Les venaient à nous avec une phrase identique : "C'est moi !" ... "Je me suis totalement reconnu(e). Je pensais être seul(e) dans cette situation. C'est un énorme soulagement de découvrir que je fais partie d'un groupe. Je pensais qu'il y avait quelque chose qui clochait chez moi "..

 Ce livre a permis à des intellos précaires de se déculpabiliser, rarement de s'organiser.

page 17 :  ... Personne ne doute que les mécanismes qui font grandir la population des intellos précaires sont divers et s'appliquent diversement selon les métiers et les types d'employeurs. En vrac on peut avancer le nombre grandissant de dipomés des universités en même temps que la raréfaction des CDI , l'inadéquation des formations au regard de l'offre d'emplois, la concurrence cruelle des stagiaires gratuits, sans oublier les fondamentaux : la faible croissance et le taux de chômage. ...
page 18 :  ... "On traite les intellectuels comme on ne traiterait pas les garagistes" ... la place qu'occupent les intellectuels dans leur monde est de plus en plus excentrée, périphérique, et leur travail minoré et dévalorisé.

[   Ne pas oublier que notre Président nous avait promis une "révolution culturelle " ... ! ]


page 80 :  ... Il y a des métiers dans lesquels les postes de salarié ou de titulaire sont devenus rares alors que le travail existe.
 Suggérer à ces précaures de quitter leur métier est peut-être un conseil d'ami si on le fait individuellement. c'est un non-sens du point de vue collectif : ils sont indispensables à la production. ...


page 92 :  ... Mais non, les enfants ont pris goût à la mobilité [ peut-être, mais alors : mobilité choisie ...  ], à l'indépendance, à l'initiative personnelle, toutes qualités que l'entreprise revendique mais encadre farouchement - voire réduit à des slogans sans contenu.S

page 409 :  "Action individuelle et collective"
  ... Une légère pointe de pessimisme s'est mêlée à notre naturel optimisme depuis que nous avons commencé cette enquête.   En 8 ans, le paysage, loin de s'éclairer, s'est fortement assombri.

page 417 :  ... Pour la population éparpillée et branchée que sont les intellos précaires, Internet est un outil idéal.

[  Quand comprendra-t-on qu'il faut y voir plus qu'un outil ? ]


page 440 :  ... [ conclusion ]
...  Appauvrir, à tous les sens du terme , le savoir, la réflexion et la création est donc une tactique de guerre idéologique.  ... dont le coût social aujourd'hui est lourd, et donc le coût à venir encore plus important. Pour tous.

[ 'Pour tous' ! y compris pour celles et ceux qui mettent sciemment en oeuvre cette 'tactique'.
Il se pourrait bien qu'ils se tirent une balle 'dans les deux pieds'  ;-) ,
car, avec le ficelage qu'ils auront eux-mêmes mis en place, ils risquent de se faire déloger, eux aussi, par plus  #~Xé/)^& qu'eux ... ]