les classiques : A-I
/ J-Q / R-Z
autres
voir
précédents : / =>
BibliographieXVIII /
note de GONIC : Attention!
si nous indiquons ici des titres d'ouvrages actuellement
présentés en librairie cela ne veut pas
forcément dire que nous en cautionnons toujours le contenu !
Nous souhaitons seulement montrer ce qui nous parait
intéresser actuellement nos concitoyens (selon
l'idée que les grandes librairies n'auraient pas
intérêt à placer, sur les meilleurs
rayons, des livres qui risqueraient de ne pas se vendre)
Par ailleurs, nos citations [ parfois annotées en
vert] sont très certainement plus ou moins
volontairement partiales : on ne peut bien les comprendre qu'en se
reportant aux ouvrages de référence.
Le travail des
sociétés
Editions
: Seuil
par : François Dubet ( prof. de sociologie à
Bordeaux II - directeur d'études à l'EHESS
nombreux ouvrages dont "Dans quelle société
vivons-nous ?" ; "Le déclin des institutions - Seuil 2002 ; et
"Injustices" Seuil 2006 ")
Présentation
de
l'éditeur :
... Les sociétés ne disparaissent pas pour
autant.
Elles imposent des formes de domination ... elles continuent à
déterminer les épreuves que les individus affrontent ...
... François Dubet poursuit, après "Le déclin de
l'institution", son travail sur la sociologie des
sociétés.
Une réflexion qui bouscule fortement les théories
actuelles ...
_____________________________________
Extraits :
page 256 : "Egalité, mérite autonomie"
L'Egalité
La phrase "c'est injuste parce que nous sommes tous
égaux" ... évoque d'abord le maintien de relations de
caste, d' « honneur » et de mépris
caractéristiques des sociétés
prédémocratiques ou d'Ancien Régime dans
lesquelles les inégalités sociales étaient
peçues comme des inégalités de nature.
« Nous sommes traités comme des chiens » disent les
travailleurs en évoquant les petites et les grandes humiliations
de la vie professionnelle : être invisible, ne pas être
salué, être insulté ... Tout se passe comme si les
individus n'appartenaient pas à la même humanité et
n'avaient pas les mêmes besoins élémentaires. ...
... Les sociétés démocratiques restent
encore des sociétés de rangs et d'honneurs dans
lesquelles les distances sociales et le mépris pèsent
plus que le pouvoir et l'autorité des relations de travail.
... les travailleurs des activités de servvice sont
très sensibles à ce problème, car s'il est normal
d'être au service des personnes, il n'est pas acceptable
d'être traité comme un serviteur.
Aussi faut-il se défendre sans cesse en rappelant que si l'on
vend sa force de travail, on ne se vend pas soi-même.
La manifestation fondamentale de l'inégalité est dans le
mépris.
... on ne traite pas véritablement les autres comme des
êtres humains de plein droit.
C'est la critique du sort des
trop pauvres et des privilèges des trop riches.
...
page 257 :
... Les militaires, les médecins et les enseignants par exemple,
perçoivent les risques de chute statutaire comme une atteinte
à l'égalité sociale fondamentale parce que, à leurs yeux,
leurs fonctions sont au service de l'intérêt
général et de l'intégration de la nation qui
seraient mis en cause quand on touche à leur statut.
On admet aisément que cette rhétorique égalitaire
est une « dérivation » commode ...
... En revanche, à cette critique des inégalités excessives
de position s'oppose
une conception bien différente, celle de «
l'égalité libérale » : on ne critique
pas les inégalités de position, mais les inégalités
d'accès à ces positions.
Contrairement à l'ancienne critique ouvrière et
à celle des « partageux », on dénonce moins
la répartition inégale des revenus que les blocages qui
empêchent de concourrir équitablement pour accéder
aux positions les plus avantageuses ... égalité
d'opportunités.
page 261 :
...
Que l'on croie au marché ou que l'on croie aux concours et
à l'Etat, on est bien obligé de croire à
l'utilité collective du mérite individuel ...
... Le principe de
mérite justifie aussi les inégalités ... Si j'en
crois les entertiens et quelques observations personnelles, le fait de
reconnaître le mérite des uns semble ôter du
mérite aux autres. ...
... la promotion au mérite ouvre le champ au piston, au
favoritisme et à des stratégies cherchant à faire
savoir plus qu'à faire. Alors les moindres
différences peuvent être suspectées de sanctionner
des mérites injustifiés : « relations »,
népotisme, « promotion canapé » ...
... chaque enseignant supporte mal de voir qu'il n'est pas mieux
payé que le collègue qui, moins méritant, fait son
travail au minimum, abuse des congés maladie et ne participe
à aucune activité collective ...
Au fond, sauf dans certaines épreuves sportives où
le mérite est mesuré au centième de seconde, et
à condition que personne ne se dope, les querelles sur le
mérite ne s'éteignent jamais.
... Le mérite doit-il mesurer l'utilité sociale
objectivée et la performance individuelle ? Dans ce cas, le
mérite a toutes les chances d'être injuste parce qu'il
sanctionne des injustices «naturelles » et sociales; les
plus grands, les plus beaux, les plus intelligents, les plus courageux,
les mieux éduqués, auraient plus de mérite que les
autres. Et pourtant ce mérite ne leur appartient pas : on ne
mérite pas plus son courage, sa jeunesse et sa beauté que
son talent pour les mathématiques ...
... Le
mérite doit-il mesurer la bonne volonté et l'effort ? ...
dans ce cas, les jugements du mérite deviennent parfaitement
subjectifs et arbitraires car personne ne sait vraiment ce qu'il en est
de l'effort et comment éviter que la prime à l'effort
n'invalide la prime à l'efficacité réelle dont la
collectivité peut bénéficier.
....
La montée des incertitudes
Editions
: Seuil
par : Robert Castel ( sociologue .... auteur de nombreux
ouvrages ... )
Présentation
de
l'éditeur :
.... Les mutations du travail ont des effets sociaux
et anthropologiques très profonds. Elles bouleversent
l'identité des individus et fragilisent la cohésion
sociale.
...
Partout naît et se renforce une insécurité
sociale aux visages multiples, parfois contradictoires. Il faut donc
repenser la protection sociale dans une « société
des individus », ce qui contraint l'Etat à
redéfinir son rôle et le droit du travail à
redéfinir ses principes. Autrement dit , forcément,
intervient le politique. .....
_____________________________________
La société malade
de la gestion
/ idéologie gestionnaire, pouvoir
managérial et harcèlement social
Editions
: Points / Economie
par : Vincent de Gourlejac ( directeur du
laboratoire de
changement social et prof. de sociologie à Paris VII - auteur
d'une quinzaine d'ouvrages dont "Le coût de l'excellence" Seuil
.. )
Présentation
de
l'éditeur :
Sous une apparence pragmatique , la gestion constitue une
idéologie qui légitime la guerre économique,
l'obsession du rendement financier, et qui est largement responsable de
la crise actuelle. La culture de la performance et de la
compétition met tout le monde sous haute pression :
épuisement professionnel, stress, suicides au travail ....
La déprime des
opprimés
/ Enquête sur la souffrance psychique en
France / Préface de Christophe Dejours
Editions
: Seuil
par : Patrick Coupechoux ( journaliste
indépendant -
"a publié, au Seuil, "Un monde de fous (2006) , une
enquête
sur la folie en France" qui est devenue une référence" )
Présentation
de
l'éditeur :
Des millions de personnes souffrent aujourd'hui
d'anxiété, de phobies, de dépression. La
souffrance psychique est devenue massive en France et elle touche
toutes les catégories de population.
Au-delà des chiffres, quelles sont les causes de ce
phénomène ? ...
... Toutes les personnes qu'il a rencontrées .. en
témoignent : au coeur de la souffrance, on trouve le travail et
ses nouvelles organisations , la disparition des collectifs, la mise en
concurrence des individus, l'épée de Damoclès de
la précarité et de l'exclusion et, au bout du compte,
l'isolement
... Une société qui maltraite de plus en plus le sujet,
livrant celui-ci à une véritable «
pathologie de la solitude »
... « Cet ouvrage propose un parcours empirique
et intellectuel d'une grande ampleur », écrit Christophe
Dejours dans sa préface dont l'originalité est de montrer
que la souffrance est « un opérateur
d'intelligibilité irremplaçable de la condition humaine
et de la société ».
Les nouveaux
intellos
précaires
Editions
: Stock
par : Anne et Marine Rambach
Présentation
de
l'éditeur :
... on découvrait cette population au destin paradoxal
: diplômée et compétente, studieuse et
créative, elle vit, pas toujours mal, dans des conditions de
grande précarité - avenir incertain, revenus fluctuants,
déni de droits.
Malgré une couverture sociale minimale ou
inexistante, les intellos précaires continuent à exercer
ces métiers qu'ils ont choisi par passion.
On annonçait leur disparition : ... Mais, non. ... La
précarité a le vent en poupe
...
_____________________________________
Extraits :
page 10 : ... Comment les bataillons de sociologues ...
ont-ils pu passer à côté de ce phénomène massif ?
page 11 : ... La publication des intellos précaires a
permis à de nombreuses persnnes de se nommer. Les venaient
à nous avec une phrase identique : "C'est moi !" ... "Je me suis
totalement reconnu(e). Je pensais être seul(e) dans cette
situation. C'est un énorme soulagement de découvrir que
je fais partie d'un groupe. Je pensais qu'il y avait quelque chose qui
clochait chez moi "..
page 17 : ...
Personne ne doute que les mécanismes qui font grandir la
population des intellos précaires sont divers et s'appliquent
diversement selon les métiers et les types d'employeurs. En vrac
on peut avancer le nombre grandissant de dipomés des
universités en même temps que la raréfaction des
CDI , l'inadéquation des formations au regard de l'offre
d'emplois, la concurrence cruelle des stagiaires gratuits, sans oublier
les fondamentaux : la faible croissance et le taux de chômage. ...
page 18 : ... "On traite les intellectuels comme on ne traiterait
pas les garagistes" ... la place qu'occupent les intellectuels dans
leur monde est de plus en plus excentrée,
périphérique, et leur travail minoré et
dévalorisé.
page 80 : ... Il y a des métiers dans lesquels les
postes de salarié ou de titulaire sont devenus rares alors que
le travail existe.
Suggérer à ces précaures de quitter leur
métier est peut-être un conseil d'ami si on le fait
individuellement. c'est un non-sens du point de vue collectif : ils
sont indispensables à la production. ...
page 92 : ... Mais non, les enfants ont pris goût à
la mobilité [
peut-être,
mais alors : mobilité choisie
... ], à l'indépendance, à
l'initiative personnelle, toutes qualités que l'entreprise
revendique mais encadre farouchement - voire réduit à des
slogans sans contenu.S
page 409 : "Action individuelle et collective"
... Une légère pointe de
pessimisme s'est mêlée à notre naturel optimisme depuis que nous avons commencé
cette enquête. En
8 ans, le paysage, loin de s'éclairer, s'est fortement assombri.
page 417 : ... Pour la population éparpillée et
branchée que sont les intellos précaires, Internet est un
outil idéal.
page 440 : ... [
conclusion ]
... Appauvrir, à tous les sens du terme , le savoir, la
réflexion et la création est donc une tactique de guerre
idéologique. ... dont le coût social aujourd'hui est
lourd, et donc le coût à venir encore plus important. Pour tous.