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Bibliographie XVIII  . . .

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Allons-nous mourir de faim ?
Editions :   Calmann-Lévy
par :  Frédéric Mouchon (journaliste)


Présentation de l'éditeur :
  Comment nourrir 9 milliards d'humains en 2050 alors que les ressources en eau se tarissent, que les terres cultivables se réduisent et qu'un tiers des espèces de poissons sont déjà en voie de disparission ?
 C'est l'équation qui affole la planète.
Le constat est terrible et général. Les Nations unies viennent d'appeler à un mobilisation internationale contre le "tsunami silencieux" de la crise alimentaire mondiale qui risque d'entraîner dans la famine des dizaines de milliers de personnes supplémentaires.
 De nombreuses associations françaises affirment haut et fort qu'il y a dans notre pays également des risques d'émeutes de la faim.
 La faute à qui ? Aux spéculateurs qui ont profité de la flambée des prix des denrées alimentaires pour s'enrichir ;
aux producteurs de biocarburant qui utilisent d'énormes surfaces agricoles pour alimenter le moteur de nos voitures ?
  Ne faudrait-il pas aussi serrer le ceinture des pays les plus riches qui gaspillent les ressources terrestres comme si elles étaient inépuisables ?
 Misère généralisée, crise du marché des matières premières, enjeux environnementaux : Frédéric Mouchon dresse un panorama clair, précis et informé de ce qui constitue l'un des plus grands défis de notre siècle.


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Extraits :

 page 3 :
  ...  "50% des habitants du globe menacés d'une crise alimentaire"
... Selon ces chercheurs, la probabilité est supérieure à 90% que d'ici 2100 les températures minimales de la saison des cultures dans les régions tropicales et subtropicales soient plus élevées que tous les maxima enregistrés jusqu'à présent, ce qui réduira considérablement les récoltes affectées par la chaleur.





La France des travailleurs pauvres
Editions :   Grasset / Mondes vécus
par :  Denis Clerc
( "économiste, spécialisé dans l'analyse des politiques sociales. Il a été rapporteur au Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésio sociale (CERC) et président de l'association Economie et Humanisme. Il est aujoud'hui conseiller de la rédaction du mensuel 'alternatives économique' qu'il a créé et longtemps dirigé")

Présentation de l'éditeur :

  On a longtemps pensé que l'emploi était le remède à la pauvreté. Ce n'est plus le cas.
La multiplication des emplois à temps partiel ou des "jobs" temporaires entrecoupés de périodes de chômage a fait plonger dans la pauvreté nombre de travailleurs et leurs familles ...
Contrairement à ce qui se passait il y a encore une quinzaine d'années, ce n'est plus l'insuffisance d'emplois qui engendre la pauvreté, mais la mauvaise qualité de ceux qui se créent.
 Dans cette évolution, l'Etat porte une part de responsabilité.
 En prêtant main-forte à la création d'emplois paupérisants, il a sacrifié la qualité de l'emploi à la quantité et aggravé le problème au lieu de le réduire.
 Ce que montre  cet ouvrage , c'est que cette voie est sans issue et qu'il est urgent de changer de politique.
  Le contexte nous y pousse : le pays a besoin d'emplois créateurs de valeur s'il veut faire face aux défis de la mondialisation et du vieillissement ...
Mais cela suppose un gros effort en matière de formation et de requalification de tous ceux que le marché a marginalisés.
 Le revenu de solidarité active, utile pour permettre aux actuels travailleurs pauvres de vivre dignement, ne doit pas devenir la dragée enrobant la pilule du mauvais emploi en le pérennisant. Désormais, à l'aide sociale qui soulage mais enferme, il faut substituer l'investissement social qui vise à donner à chacun les moyens de son autonomie et la maîtrise de son destin.  C'est possible. Ce livre explique comment.


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Extraits :

 page 7 :
  ...  De partout ... mal-vivre :
  des fins de mois de plus en plus difficiles, un emploi qui se dérobe ou qui paye mal, des inégalités qui progressent, une paupérisation rampante qui menace de plus en plus de monde ...
  Entre les chiffres avancés par les économistes et la réalité ressentie par le plus grand nombre c'est le grand écart.

page 8 :
  ... crainte de tomber ... les craintes ne sont pas imaginaires, pas davantage que les difficultés du quotidien auxquelles doit faire face une partie de la population.  Elles sont largement liées à l'emploi, qu'on en soit privé momentanément ou durablement, ou qu'on soit contraint d'accepter des emplois qu'il faut bien qualifier d'indignes, puisqu'ils ne permettent pas d'en vivre.

page 9 :
  .. Mais la pauvreté d'aujourd'hui - ou la paupérisation .. -  concerne largeùment le monde du travail, et la protection sociale se révèle impuissante à y faire face.

page 10 :
  L'Etat providence n'est pas obsolète. Au contraire : il a un boulevard devant lui, pour peu qu'il sache utiliser les bons leviers et organisetr la cohésion sociale, au lieu - comme c'est le cas actuellement - de la détricotyer consciencieusement sous prétexte d'impécuniosité.
...
 Or, aujourd'hui, les chômeurs sont, pour une part d'entre eux, victimes de processus d'exclusion.
On les juge "inemployables".
... "Inutiles au monde", pour reprendtre la terrible expression d'un tribunal médiéval pour légitimer la condamnation à mort d'un pauvre vagabond.  Il y a là, manifestement, quelque chose qui ne tourne pas rond.
...
 exclus  de l'économie, condamnés à choisir entre chômage et petits boulots, entre misère et pauvreté.

page 13 :
... la pauvreté résulte de l'emploi, plus que d'une protection sociale insuffisante.

page 215
 "De la solidarité à l'autonomie"
   Réduire la pauvreté dans une société comme la nôtre est possible.
[ l'auteur démontre même que c'est 6 fois plus facile que naguère ...]


Schizophrénies françaises
Editions :   Grasset
par :  Erza Suleiman ( professeur de sciences politiques à l'Université de Princeton où il dirige le Centre d'études européennes - auteur, entre autres de : "Les Hauts fonctionnaires de la politique" - "Les Elites en France" - "L'Age d'or de l'Etat" - "Le Démantèlement de l'Etat démocratique" )


Présentation de l'éditeur :
   .... Car c'est un drôle de pays, décidément, que cette France qui prétend à l'universel mais n'a que son 'exception' à la bouche; qui promeut l'égalitarisme mais ne cesse de privilégier sa toute-puissante 'élite'; qui ne jure que par le sacro-saint 'modèle républicain' mais se laisse gouverner par des monarques et leurs cours; qui s'enorgueillit de sa culture mais la sabote en négligeant ses écoles.
  Entre déclinisme ambiant et sursauts d'orgueil, entre culte des principes et trahison des clercs, entre discours et réalités, quel est donc, aujourd'hui le vrai visage de la France ?


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Extraits :

[  ce regard extérieur est un cadeau de grand intérêt que les Français devraient considérer avec attention ...
( l'auteur a longtemps cotoyé notre "France du haut' et bien des grands noms de l'Amérique ... )
 même, (et aussi ) parce qu'il nous en apprend autant sur la façon de regarder de l'auteur que sur nous-mêmes
.
  ( Se pourrait-il qu'on puisse passer une vie sans comprendre la nécessité humaine et 'pragmatique' de viser au-delà du 'pragmatisme', de l'arrivisme matérialiste, de l'utilitarisme ou d'un objectif de 'Croissance' indéfinie ? ...)
  Si nos 'élites' françaises ne font qu'exploiter, par une réthorique dévoyée, des 'principes' (- dont ils se contrefichent dans les faits, - mais auxquels les 'petits' Français sont culturellement attachés ), il est bon de savoir que sela saute aux yeux des témoins de l'étranger !  
]
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 page 85 :
  ...  La France est devenue un pays des lobbies, comme toute société démocratique, mais avec une différence fondamentale. Les lobbies les plus puissants défendent leurs intérêts (ou leurs acquis) en invoquant les principes fondateurs de la République.

page 88 :
  ... Et si un nombre limité de personnes manifestent de grands dons à un âge précoce, doivent-elles être pour autant indéfiniment récompensées ?

... Un des problèmes de la France c'est que c'est l'élite qui demande et obtient 'toujours plus', et que son corporatisme la rend toujours plus conservatrice que la société.

page 89 :
  ... une seule préoccupation : maintenir les situations acquises de ceux qui ont réussi à se glisser dans la petite aristocratie que la démocratie française a créée.

page 96 :
 Rien n'est plus facile pour l'élite française que de confondre copinage et professionalisme.
Mais il y avait une indéniable sincérité dans cette confusion.
On leur avait appris à raisonner en termes de classes.


page 98 :
  Comme le non-conformisme a peu de chance de réussir, il s'ensuit que quiconque réussit ne peut devenir par la suite un non-conformiste. D'où l'uniformité et l'homogénéité.

page 103 :
  Là où le système français prête le flanc à la critique, c'est dans sa façon d'autoriser un écart immense entre les principes d'égalité qu'il énonce et le type d'égalité et de démocratie qu'il pratique.

 ... il est probable qu'on trouve la même proportion de compétence et d'incompétence dans un échantillon de n'import quelle population.

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Travailler sans les autres

Editions :    SEUIL / "non conforme"
par Danièle Linhart : sociologue du travail et directrice de recherche au CNRS

Présentation de l'éditeur :
   .... 
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Extraits :

page 127 :
 ... Surprenant de voir le secteur public importer en son sein des pratiques individualisantes, des pratiques de mise en concurrence, et éroder ainsi une motivation au travail bien réelle chez ses agents, alors que les entreprises privées se lancent au même moment à la conquête de postures au travail et de motivations calquées sur ce que semble brader le secteur public. On assiste ainsi à un ballet, à un chassé-croisé.
   Pour les salariés du privé, il faut désormais se dévouer, se donner, s'identifier (comme les agents du service public)  à la cause de leur entreprise, mais toutefois avec deux différences de poids : la première est qu'ils ont à le faire au profit d'objectifs auxquels ils n'adhèrent pas nécessairement, qui ne comportent que rarement des dimensions universalistes, et la deuxième est qu'ils doivent accepter une éventuelle dimension éphémère de cet engagement total, car les entreprises du secteur privé n'entendent pas se lier paer des engagements de longue durée. La notion de réciprocité en matière d'engagement n'existe pas dans le secteur privé.
 Nombre de travaux sociologiques et de gestion ont mis en évidence la responsabiklité des logiques modernisatrices dans l'effritement des valeurs du secteur public sur lesquelles se fondent la conscience professionnelle ou l'ethos du fonctionnaire.
page 128 :
 ... les entreprises privées estiment légitime d'édicter une morale de l'engagement et du dévouement professionnel qui ressemble à s'y méprendre à l'ethos du fonctionnaire (attaqué par la même modernisation), sans pour autant remettre en question sa logique de rentabilité indifférente aux préoccupations  sociétales. Qui plus est, les entreprises privées tendent à vouloir imposer à la société dans son ensemble cette vision d'un salarié moderne vertueux, qui devient par glissements progressifs celle du citoyen vertueux.
 Mais, plus paradoxal encore, tout se passe comme si cette tentative de transplantation de l'ethos du service public au sein des entreprises privées ne pouvait s'opérer sans une diqualification de ce même service public. Comme s'il fallait, pour s'approprier totalement et formater ce besoin de dévouement, le désenclaver du terreau qui lui permet de s'épanouir. N'assiste-t-on pas, en effet, à une véritable démarche de décrédibilisation de ce secteur, de mise en doute de la légitimité sociale de ses fondements, qui porte très largement ses fruits au sein de l'opinion publique ?

page 129 :
 ... Une grande partie des qualités professionnelles développées par les agents du secteur public sont rapatriées dans les entreprises privées, mais dans un esprit plus guerrier, et sous la férule managériale.

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[  Malgré une nette approbation du point essentiel de ce passage (sur fond jaune), d'où me vient ce malaise, cette impression que l'auteur vit dans un autre univers que le mien ?
 C'est en revenant sur la présentation succincte de l'auteur que j'entrevois une explication à ces incompréhensions ...

En lisant ceci, je pensais au maintenant 'classique'  "Souffrance en France" de Christophe Dejours" et notamment à sa conclusion :
« ...Pas d'action conséquente sans travail, et pas d'action censée sans souffrance.  ... car, pour agir, il faut aussi être en mesure de supporter la passion et d'éprouver la compassion, qui sont à la source même de la faculté de penser. »

Intéressant aussi de rappeler comment des Suisses peuvent voir le fonctionnariat : http://www.domainepublic.ch/files/articles/html/2139.shtml
  «... Cet héritage des monarchies qui se sont ainsi dotées d'un corps de fonctionnaires dévoués "la sécurité contre l'obéissance " est étranger à la tradition républicaine et démocratique de notre pays. ... »

  Si , dans le texte cité, on fait la part des différences tangibles entre "les salariés du privé" et "les agents du service public", sans imaginer qu'un "ethos" particulier puisse différencier ontologiquement deux 'classes' de Français
   ( les mot "importer" , "en son sein", résonnent comme des lapsus : deux mondes à part ? ... )
... il ne reste pour les distinguer pragmatiquement que le statut qui protège une fois pour toutes, et à vie, certains Français du chômage. Ce statut n'est pas nécessairement lié à la notion de service public ou de secteur public !  Et peut-être que si l'auteur n'en bénéficiait pas, elle serait amenée à présenter le fruit de son étude de façon plus claire.
 ( D'où vient cette idée que quiconque veuille 'disqualifier le service public' ?  Un service rendu peu-il être disqualifié ? ...)
  Le sens de l'engagement, du dévouement professionnel, la sensibilité aux préoccupations sociales ne sont certainement pas l'apanage d'un "ethos fonctionnaire", quand on est pesruadé que les Français sont par essence égaux. Par contre, il est vrai que quand on peut voir son engagement respecté dans la durée, ces qualités ont plus de 'chances' de pouvoir se développer normalement ...
 Au lieu donc d'opposer ceux qui ont un privilège à ceux qui ne l'ont pas, il me semble que le Chercheur devrait se contenter d'exposer clairement une injustice préjudiciable à la démocratie :  "La notion de réciprocité en matière d'engagement n'existe pas dans le secteur privé." Si tout le monde était mis à égalité devant cette injustice, on aurait tôt fait de la combattre sans se fourvoyer dans des considérations de castes. ]