les Royaumes combattants
/ vers une nouvelle guerre mondiale
Editions
: FIRST
par :
*
Jean-François Susbielle,
"expert en géopolitique et consultant stratégique
auprès de grands groupes, est l'un des meilleurs
spécialistes de la vie internationale.
[...] Après Chine-USA : la
guerre programmée et La
Morsure du dragon, son nouvel essai de géopolitique
propose une analyse originale et sans concession de la situation de la
planète"
Présentation
de
l'éditeur :
" Sept royaumes se partagent le monde .
Pour quatre d'entre eux, la mondialisation capitaliste ne
présente que des avantages. Car c'est écrit, dans 10 ans,
15 ans tout au plus, la Chine, l'Inde, mais aussi le Brésil et
la Russie domineront le monde de leur puissance financière,
industrielle, technologique et militaire.
Le temps joue irrésistiblement en faveur des royaumes
émergeants. La Chine et l'Inde n'ont besoin que d'une
décennie supplémentaire de paix et de stabilité
pour que s'accomplisse leur destin.
En revanche, pour les USA et leurs alliés européens ou
japonais, le temps est devenu un ennemi mortel, synonyme
d'affaiblissement et de déclin.
Le compte à rebours a commencé.
Pour survivre dans un monde en mutation accélérée,
l'Amérique doit impérativement rompre le statu quo que
lui imposent ses rivaux. Forte de sa seule supériorité
militaire, elle s'est mise à fabriquer du désordre :
Kosovo, Afghanistan, Irak, Iran ... Un désordre qui lui permet
de garder la main et de se préparer pour les
échéances à venir.
En 2001, le monde est entré dans l'ère des "royaumes
combattants".
A la tête de "l'Occident chrétien", les Etats-Unis mettent
sur pied une alliance planétaire avec un Japon qui entend
conserver sa suprématie en Asie de l'Est. L'Inde se
rapproche des USA pour faire contrepoids à la Chine, alors que
la Russie et le Brésil sont en embuscade. Quant à
l'Europe, royaume virtuel à la souveraineté
limitée, son destin ne lui appartient déjà plus.
La crise financière qui s'annonce sera, dit-on, la plus grave
depuis celle de 1929 qui précéda le second conflit
mondial.
L'engrenage qui, de la dépression conduit au protectionnisme et
à la guerre, est hélas bien connu.
Alors, 2008 sera-t-elle l'année charnière qui verra se
fissurer le fragile équilibre de la mondialisation ?
"
_____________________________________
Extraits :
page 13 :
... Les nouveaux royaumes misent avant tout sur
l'économie, sur le commerce international, sur le
libre-échange, sur la créativité et le dynamisme
de leur peuple, pour d'abord s'extraire de la misère, et enfin
s'imposer aux anciens colonisateurs qui les ont jadis humiliés.
...
C'est par la supériorité technologique de leurs armes que
les puissances occidentales ont colonisé et asservi les grands
peuples d'Asie. Ces derniers ont retenu la leçon. C'est par la
technologie qu'ils s'apprêtent à conquérir
pacifiquement les nouveaux territoires que leur offre la
mondialisation.
[ note
perso : ils seront
aidés par la casse sociale engagée aujourd'hui au nom
d'une indispensable "réforme" : les mêmes lois favorables
aux "entrepreneurs" et aux spéculateurs
(récompensés quoi qu'il advienne par des "parachutes
dorés" ou des dédommagements de "préjudice moral"
...), la rupture imposée dans l'esprit même de notre
constitution, qui servent aujourd'hui les intérêts
(personnels) de grand patrons occidentaux, serviront très
prochainement le pouvoir légal dont ne se priveront pas les
nouveaux patrons venus d'ailleurs quand ils auront acheté les
entreprises occidentales ... et les citoyens docilisés qui vont
avec ...]
page 70 :
La valeur travail
Jusqu'à la réforme protestante au XVIe siècle, la
culture chrétienne considère le travail comme une
malédiction, une servitude dont il faut se libérer. Quant
à la richesse, elle est tolérée mais c'est la
recherche de la richesse qui est méprisable.
Tout change avec Martin Luther, puis surtout avec Jean Calvin et les
puritains. [...] Quand le catholocisme recommande l'ascèse
contemplative et le renoncement au monde, les puritains prônent
l'oubli de soi dans le travail. Quand le catholicisme aspire à
la justice sociale par l'action collective, le protestant puritain
accepte la dure réalité de la "lutte pour la vie"
(struggle for life) et prône la compassion et la charité
individuelle.
[...] Il n'est pas étonnant que, pour la droite
française, l'entrée dans la mondialisation
néocapitaliste passe par la restauration de la "valeur travail"
et par une attitude "décomplexée" vis-à-vis de
l'argent et du profit.[...] Quand les catholiques sont, à leur
manière, fidèles à la lettre des
Béatitudes, au début du Sermon sur la montagne : "Heureux
ceux qui ont une âme de pauvre .." (Mt 5:3), les protestants
semblent répondre comme Deng Xiaoping : "enrichissez-vous !", se
référant au "croissez et multipliez" de la Genèse.
[ note
perso : ATTENTION donc,
à ce qu'un mandat présidentiel ne soit pas l'occasion
d'une sournoise rupture des valeurs d'un peuple, au profit d'une guerre
des religions d'un autre âge, qui ne veut pas dire son nom !
On sait que "un train peut en cacher un autre". Il ne faudrait pas
qu'une croisade (de l'Occident contre les terroristes Islamistes) en
cache une autre (contre des valeurs culturellemnt
héritées du catholicisme ...)
]
page 348 :
( Chine ) Pragmatisme et empirisme
« Qu'importe que le chat soit blanc ou gris, pourvu qu'il attrape
les souris », « traverser la rivière en tâtant
chaque pierre » .
Et lorsque ça ne marche pas, on s'abstient de tout changer comme
en Occident, on rectifie, on ajuste, on adapte et on recommence. Tel
est le secret de l'efficacité asiatique. On procède par
petites doses, graduellement, comme dans la médecine chinoise.
page 348 :
« Cacher ses intentions et dissimuler ses forces» (tao
guang yang hui), « il faut s'abstenir de brandir des drapeaux ou
de conduire la vague » , « une nation faible n'a pas de
diplomatie »
page 104 :
" ... Le capitalisme mondialisé n'entretient plus
aujourd'hui qu'un très lointain rapport avec le
libéralisme politique ou économique tel que l'ont
défini, au XVIIIe siècle, Adam Smith et les philosophes
des lumières.
Et pourtant, on confond trop souvent capitalisme et
libéralisme.
[...] Débarrassé de tout adversaire idéologique,
dérégulé et déshumanisé, le
capitalisme est, pour la première fois de son histoire,
totalement découplé du libéralisme qui l'a
enfanté. " ...
page 118 :
Le procès de l'Internet
Depuis l'éclatement de la bulle Internet, toute critique sur
l'influence du réseau semble bannie des discours. L'Internet est
unanimement salué comme un formulaire auxiliaire de la
démocratie. Et pourtant! Malgré Wikipedia, aboutissement
sublime de toutes les utopies sur le savoir humain, le niveau de
culture générale des citoyens n'a jamais
été aussi bas.
[ note
perso :
à
cette page de cet ouvrage, remarquable en tous cas pour son apport
pédagogique, je tiens
à marquer ici un point de désaccord.
Qui peut prétendre mesurer "le niveau de culture
générale", et comment ? Quand on envisage la
géopolitique mondiale, on ne peut pas perdre de vue le
caractère emminemment subjectif de la notion de culture ! ...
...
]
Entre les millions de blogs et les sites de social networking,
l'information participative permet à chacun de devenir
créateur de contenu. Les versions Web des journaux sont
taguées par le lecteur qui peut intervenir directement sur la
page d'un article. La réflexion du journaliste se mêle
alors aux réactions des lecteurs et perd son impact et sa
crédibilité.
Il y a donc d'un côté le monde réel, avec ses
médias officiels [...] qu'il
est impossible de taguer. Ce sont elles qui font l'opinion. Et puis, de
l'autre, le monde souterrain, où une humanité troglodyte
s'épanche et se défoule.
[ note
perso :
Officiels, détenteurs de la Vérité, contre
troglodytes, qui ne sauraient avoir que des états d'âme ?
La
formulation de l'auteur me paraît ici ambigüe : est-ce de la
dérision pour déplorer que l'opinion citoyenne ne puisse
pas peser davantage, ou voudrait-il vraiment que les internautes
deviennent muselés et passifs ?!
L'internaute serait-il donc fatalement incapable de discernement
? Les réactions des lecteurs ne peuvent-elles pas
s'avérer une information complémentaire, et même
capitale ? L'internaute ne serait-il qu'une cible crédule que
les médias officiels doivent cribler de leurs impacts ? ...
ceci introduit la
réflexion personnelle de fin de page ... .
]