Avis
aux
« tire au flanc »
et aux « radiés » qui
ne sont même
plus comptabilisés comme chômeurs ! Toutes vos
candidatures ont été rejetées ?
Ceux-là
mêmes qui les refusent ne se soucient en rien de votre avenir
? Ils (et Elles) sont 'surbookés', stressés par
une
charge de « travail » qui ne leur
laisse pas
une minute de repos ? Et, vous pensez qu'on va vous laisser crever
tranquilles ?
Alors là, vous n'y êtes point du tout
! Au lieu de planer dans les nuages, vous serez bien obligés
de rester sur terre: tant que vous ne serez pas passés
dessous
(la terre), c'est que vous avez encore des ressources retordes pour
subsister sans rien faire ! On vous jalousera ... votre temps
« libre » !!
Mais surtout, n'ayez pas la
prétention d'utiliser ce temps, qui ne coûte plus
rien
à personne, à une quelconque action
décidée
de votre propre chef ! S'entraîner ? S'auto-former ? Écrire
? Penser ? Lire ? ... Et pourquoi pas dormir aussi ! Quel
égoïsme
! Quelle vanité ! Si vous en êtes là,
vous
devriez comprendre que c'est parce que vous n'êtes faits que
pour être aiguillés par un coach ou
dirigés par
tout être qui, parce qu'il dispose de moins de temps que
vous,
vous est supérieur !
Eh bien
tant pis ! T'en
fais pas,
lecteur, lectrice, on va pourtant parler ici du temps. Pas du temps
de la météo : on sait bien que tu n'as pas tant
de
temps, mais on va jaser sur le temps qui passe.
Et ça peut
rapporter gros ! Le
but du jeu n'est pas de renverser le cours du temps, mais
plutôt
d'inverser notre rapport au temps ! Ça paraît
pas,
mais ça devrait être le premier débat
POLITIQUE à
creuser de toute urgence, par les temps qui courent.
As-tu remarqué
comment les
temps modernes tendent à refondre le
rapport au temps
de l'Humanité ? Autrefois, la sagesse visait à
prévoir
l'avenir, à transmettre à la
Postérité un
savoir, une renommée; à perpétuer une
Civilisation. La Noblesse se faisait fort de ne pas travailler ...
Maintenant, les pays qui
se disent les
plus civilisés astreignent tout le monde à une
agitation, indifféremment matérielle ou
intellectuelle,
mais de plus en plus effrénée. Peu importent la
pertinence des actions répétées, ni la
sérénité
perdue dans la course en avant. Ne compte(*) que ce qui est
quantifiable: l'argent, les heures de
« travail », le Nombre de
communications passées, de kilomètres
parcourus, de clients grugés, d'électeurs
bernés,
de gadgets possédés, d'employés
virés, de
conquêtes
« amoureuses » ... Il faut
donner un prix au sourire de la Joconde, c'est indispensable ! Ne pas
faire la gueule à tous les crétins qui te
sourient
béatement au passage n'a d'intérêt que
par le
fait de préserver une santé psychique qui te
garde
efficace dans ton emploi !
Notre
époque
est fière
d'elle. Nos ascendants avaient mis un certain temps à
enterrer
les dieux, pour n'en honorer plus qu'un. Nos
générations
sont en passe de faire plus fort : en sachant bien compter le temps,
nous pensons le domestiquer (le
« gérer »);
et avec lui, c'est la notion même
d'éternité que
nous disputons à toute déité. Ce n'est
peut-être
pas toujours très conscient, mais c'est peut-être
cette
sensation de 'posséder' le temps qui nous induit
à
faire fi de l'Avenir. Après nous, le déluge !
D'ailleurs, puisque Nous
maîtrisons quasiment toutes les lois de la physique, de la
psychologie ... le seul défi qui compte est d'être
Le
plus fort, ou Le plus rusé. La
seule notion qui
voulait encore nous narguer est celle du temps ? Nous nous placerons
dans une optique de fin du Monde. Admettant qu'il n'y a plus d'après,
il ne reste alors effectivement que la course au plus malin.
Adieu donc les garde-fous
d'autrefois
: les « Qui va piano, va sano »,
les « Hâtes
toi lentement », « Le
lièvre et la
tortue »... Il faut se dépêcher
d'amasser un
maximum de gloire ou de jouissance quantifiée, avant la
proche
fin de tous les Temps !
C'est ainsi que certains
professent
très sérieusement que, depuis aujourd'hui, le
principe
d'Évolution de
l'espèce
humaine fait que la jeunesse surclasse forcément ses
aînés.
(En gros, passé 40 ans, les vieux ne sachant pas
suffisamment
s'adapter, il est logique de mettre au panier toute candidature
à
un emploi ...). Par ces théories, de vieux mentors
espèrent
captiver une juvénilité reconnaissante.
Paradoxalement,
c'est en combinant ce principe avec une imminence de fin du Monde,
sous-entendue mais tabou, qu'ils voudraient se voir
couronnés
comme Les représentants
de l'apothéose de
l'Humanité.
A peine
quelques lignes
d'abstraction
et déjà tu t'impatientes : mais où est
donc le
rapport annoncé avec la politique ?
Et bien justement, il ne
semble pas y
en avoir ! C'est là toute l'astuce : le
dévoiement de
la perception du temps, (et de l'éternité) passe
pour
une fatalité : il est structurellement programmé !
Que peut faire ton
député
de ces divagations sur la perception du temps, répandues par
les illuminés de sa circonscription ? Proposer un projet de
loi pour faire un autodafé de toutes les pendules, horloges,
montres ou chronomètres ?
Sous prétexte
de se soucier
d'avoir une conduite efficace, et terre à terre, les
Responsables d'aujourd'hui n'acceptent (exceptionnellement) de
dialoguer avec toi qu'au sujet de l'immédiat ou du court
terme
: en tout cas, toute échéance non couverte par un
mandat qu'ils ne peuvent espérer ne les concerne pas.
Jusqu'au recruteur de
sociétés
de services, coach et conseilleur, qui recommandera, aux candidats
qu'il draine, de ne pas avoir la prétention d'anticiper la
fatalité par une prospective allant au-delà de trois
mois! ( Celui-là se pose en exemple :
« Regardez,
moi je m'adapte; quand les clients me demandent des
compétences
pour un nouveau langage informatique, je ne vais pas leur proposer de
former les attardés qui n'ont pas su évoluer
! »
... Il ira donc débaucher les ex-prétentieux qui
ont
investi, durant de longues années, et
sans aucune
garantie, dans l'apprentissage et la maîtrise de techniques,
aventureuses jusqu'à hier ! )
Autrefois, on disait
« gouverner,
c'est prévoir ». ( La période
prospective
pouvait même être quasiment proportionnelle
à
l'étendue du territoire gouverné. Par exemple:
pour le
maire d'une bourgade : 3 mois; d'un village : 6 mois; ... pour le
Président d'une superpuissance : 50 ans )
Mais en installant,
subrepticement,
dans les mentalités, l'acceptation d'une fatalité
de la
logique de fin du monde, il est tentant de se considérer
comme
la dernière génération significative
de
l'aventure Terrestre. L'exercice du Pouvoir s'en trouve
simplifié
: il ne s'agit plus que d'aller le plus vite possible pour cumuler un
maximum de points de gloire : argent, subordonnés, prouesses
techniques, mais surtout : bons mots médiatiques, paillettes
et poudre aux yeux, ...
On a vu
que se mettait en
place une
conjuration divine, entre spécimens de vieux
maîtres
aboutis et jeunes représentants de la perfection humaine
ultime, pour accréditer cette vision de fin du monde.
Une multitude de
crétins, entre
les deux âges, se font écarter de tout moyen de
survie
sous prétexte qu'ils n'ont pas su muter. Mais on ne fait pas
d'omelette sans casser des œufs;
et il en faut
bien pour vénérer les méritants quand
ils ont le
bon goût de vouloir éviter de se
vénérer
eux-mêmes.
Bref,
cette vision
apocalyptique, peut bien, pourquoi pas, correspondre au
meilleur des mondes.
Il n'y aurait rien
à y redire si
une hypothèse audacieuse avait été
complètement
écartée de tout esprit.
A savoir : et si la fin du
monde
n'était pas si proche ? Et si d'autres sages faisaient un
autre pari ?
Sur le plan
géostratégique,
imaginons une superpuissance qui aurait le culot de se projeter non
pas dans 50 ans, mais dans 10 000 ans ?
(rappels/notion de "temps géologique")
Elle devrait d'abord
vouloir éviter
tous les fléaux anti-écologiques, les
pandémies
planétaires, l'anéantissement
biologico-nucléaire
...
Mais là
où ça
pourrait nous intéresser directement, dès
aujourd'hui,
c'est que cela relativiserait significativement la culpabilisation de
ceux qui rechignent à suivre cette course au toujours plus
fort, toujours plus vite, toujours plus instable !
Pour survivre 50 ans de
plus, une
Puissance actuelle peut se sentir obligée
d'accroître
ses revenus matériels de 10% tous les ans. Imaginons qu'elle
y
parvienne par une augmentation annuelle de 10% du stress de ses
habitants. Qui pourrait prédire les impacts culturels et
structurels des changements de mentalités qu'une telle
cadence
sous-entend ? Un autre peuple, qui arriverait à survivre,
avec
moins d'atouts de puissance, peut-être, mais dans une
atmosphère plus calme et plus sereine,
n'aurait-il pas plus de chances d'éviter l'essoufflement, le
désenchantement
blasé, la désillusion ?
Sur le très
long terme, dans
la mesure où un rythme plus apaisé est jouable,
l'excès
de réactivité ne risque-t-il pas de conduire
à
une désadaptation du cours de l'évolution des
temps
géologiques ?
On peut compter(*) les
secondes, mais
qui n'a jamais eu le sentiment que cette tentative de quantifier le
temps n'est qu'une illusion ?
Le temps d'une vie n'est
rien par
rapport au « temps
géologique » qui se
compte en milliards d'années. Le poids émotionnel
d'un
événement humain peut être
lié au temps,
mais, qui sait si le nombre de secondes lié à un
fait
vécu a plus d'importance que la qualité
de
l'émotion ressentie ?
Peut-on quantifier cette qualité
de l'émotion ? Serait-il pour autant idiot d'y attacher plus
d'importance qu'à une durée mesurée ?
Que faire alors pour
ramener dans le
champ politique une conception 'humaine' du temps ?
Pouvoir en parler, et
pouvoir la
désigner officiellement serait déjà un
grand
pas.
voter dans la durée ( voir « vote à eau » et « cahier de doléances temps réel » )
associer un poids
temporel à toute décision politique
classifier l'importance des consultations citoyennes en faisant
officiellement mention de ce poids temporel; exemples :
( à chercher : ... "conception du temps par De Rosnay" ... / "chronon" )
Question de curiosité : SVP, internautes, éclairez nos lanternes ! ( - Peut-il y avoir Temps sans Matière ? - Peut-il y avoir Information sans Matière et sans Temps ? - Si tel n'est pas le cas, comment le Temps et l'Information pourraient-ils suffire à exliquer la Matière ? |